COLT NEW SERVICE MODELE 1909 EN .455 WEBLEY

L'arme présentée est un Colt New-Service modèle 1909 (voyez la différence de forme du canon) civil, en calibre .455 Webley (Eley).

Son n° de série 120XXX indique une production de l'année 1916.

Fabriqué de 1897 à 1943, le New Service est le plus gros des revolvers Colt à cartouches métalliques. Il est en outre le premier Colt à barillet basculant dont le barillet tourne dans le sens des aiguilles d'une montre.  Il a été construit à environ 356.000 exemplaires au total.

C'est un revolver extrêmement solide, qui a fait ses preuves dans tous les azimuths au cours des deux conflits mondiaux.

Certains experts, notamment Wilson et Flayderman, ne sont pas toujours du même avis concernant les dates de production et certains détails.

Le New service était disponible dans les calibres .38 Sp, 38-40 WCF, 357 Mag, 38-44,.44 Russian, .44 S&W Sp, .44-40 WCF, .45 Govt (45 Long Colt), .45 Auto (.45 ACP modèle 1917 avec clips), .45 Auto Rim, ainsi que dans les calibres anglais .450, .455 et .476.

Les longueurs de canon disponibles sont 4, 4 1/2, 5, 51/2, 6 et 7 1/2 pouces. Il existe plusieurs petites variantes, notamment au niveau du dessin du bas de crosse.

Il est le premier revolver au monde à avoir atteint le score parfait de 100 points au concours international de Camp Perry le 15 novembre 1907, établissant un record mondial.

Le modèle militaire utilisé par l'US Army est en calibre .45 Long Colt (sauf le 1917) et équipé de plaquettes de crosse en noyer lisse. Il est invariablement équipé d'un canon de 5 1/2 pouces.

Selon certains auteurs, les plaquettes en bakélite avec logo COLT étaient réservées aux armes civiles, mais rien ne permet d'affirmer que c'était le cas pour tous les revolvers, notamment ceux livrés au Canada. Il en va de même pour le calibre .455, indésirable dans l'armée américaine mais très répandu dans les pays du Commonwealth. Selon d'autres auteurs, les plaquettes en bakélite sont celles utilisées sur les premiers modèles, en-dessous du n° de série 50000

L'exemplaire présenté est donc un 1909 "civil", équipé de plaquettes de crosse en bakélite. Il est au calibre .455 et porte encore certains poinçons britanniques à demi-effacés: poinçons d'attribution régimentaire UE19, "broad arrow" et V couronné sur le châssis - pas de poinçons d'épreuve sur les chambres du barillet.

Cette arme a une histoire personnelle, que je vais vous conter céans.

Au moment des désastres de Verdun et de la Somme en 1916, les armées française et anglaise se trouvaient dans un manque cruel d'armes de poing. Les fabricants ne pouvaient pas suivre le rhytme des destructions et pertes d'armes sur le terrain. La France s'est alors tournée vers l'Espagne neutre pour l'achat des fameux "92 espagnols" en 8 Lebel, tandis que l'Angleterre, avant de se tourner vers l'Espagne à son tour, commandait plus de 200.000 revolvers aux USA, en calibre .455 et .38.

Même le géant Colt ne pouvait faire face, en si peu de temps, à une telle commande. La société accrut cependant sa production - l'armée américaine était sur le point d'entrer en guerre - racla ses fonds de tiroir, et arriva quand même à expédier aux Anglais un contingent de 107.000 revolvers en calibre .455 et 38, parmi lesquels également des versions "civiles". Arrivées en Angleterre, ces armes reçurent des poinçons d'acceptation mais ne subirent pas l'épreuve normalement obligatoire.

Le revolver présenté a fait partie de ce contingent, et a donc été utilisé par un ou des soldats du Commonwealth, très probablement des Canadiens ou des Australiens actifs dans les environs de Courtrai.

Après la fin du conflit, l'arme a semble-t-il été rapatriée au Canada, où elle a probablement été rafraîchie et versée dans les réserves de l'armée canadienne. Ne portant pas les marques RCMP sur le bâti de crosse, elle n'a donc pas été transmise à la Police Montée, qui pourtant était équipée de ce modèle.

Lors du second conflit mondial, feu mon papa, estafette au 1er Rgt de Lanciers, a été fait prisonnier à Spa et a passé 3 ans et demi dans au StaLag ll C à Stettin en Pologne. Libéré par les Allemands eux-mêmes à l'automne 43 pour raisons médicales, il a été recruté par le Groupe G, mouvement de résistance et de sabotage fondé par Jean Burgers et coordonné et approvisionné en armes,explosifs et autre matériel par l'armée canadienne. Il a reçu cette arme en dotation, et a participé entre autres aux sabotages faisant partie de la Grande Coupure.

Après le conflit, les Canadiens lui ont fait cadeau du revolver, et il a "oublié" de le déclarer aux autorités belges. Il me l'a donné quand j'avais 15 ans, peu avant son décès, et c'est avec cette arme que j'ai commencé à collectionner.

Une sombre histoire de liquidation de deux collaborateurs courait dans les couloirs de la famille, mais papa n'a jamais été très loquace à ce sujet. Quand on lui posait des questions, il avait toujours un truc urgent à faire dans la cave ou au grenier...

Si ce revolver était à l'origine un modèle civil, il a reçu chez Colt une finition "glossy blue" beaucoup plus belle que celle des exemplaires militaires. Mais les Anglais ou les Canadiens se sont empressés de lui donner un fini "noir de guerre" mat, dont il porte encore pas mal de traces parmi sa patine. Dommage qu'il ne puisse pas parler, car il est difficile de retracer le parcours d'une arme bien déterminée par des archives militaires pas toujours accessibles.

Marcel

Colt new service1909

Ce revolver historique a été manufacturé pour l'armée des USA en 1911. Les initiales de l'inspecteur de l'armée des USA (R.A.C. ; Rinaldo A. Carr) sont embouties clairement au-dessus des poignées du côté droit et sur le barillet.

Il chambre la célèbre cartouche 45 Long Colt.

Il a servi comme arme de poing dans l'armée des USA pendant la WWI.

C'était le précurseur du semi-automatique 1911 et du New service modèle 1917.

US Army Colt Modèle 1909.

Les répertoires indiquent une fabrication de 1911.

Canon de 5 1/2 " chambré en .45 long colt.

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