Harrington & Richardson

Il s'agit d'une des innombrables copies du S&W 3rd Model en calibre .32. Ce revolver à brisure prestigieux à son époque, a inspiré d'innombrables armuriers américains, belges, français, anglais, espagnols et russes, qui en ont produit des milliers de copies dans tous les calibres (du .22 au .50), en double et en simple action. Certaines de ces copies sont identiques à l'original et de qualité comparable, d'autres ne sont que de vagues répliques de qualité douteuse. Tout est dans le prix....

La firme Harrington & Richardson, établie au Massachussets déjà vers les années 1840-50, a produit bon nombre d'armes de qualité acceptable (sans plus), souvent copiées sur les modèles existants de Colt, S&W, Remington et autres. Son but étant d'attirer le public en vendant des armes à bas prix, elle s'est vite placée dans le créneau des productions de masse de ces copies bon marché que les collectionneurs américains des années 1940 ont baptisées "Saturday Night Special" ou même "Suicide Special", eu égard justement à leur moindre qualité.

Ce jugement est cependant un peu sévère: ces armes n'étaient en fait, tout comme leur pendants européens, destinées qu'à donner à leur propriétaire un "sentiment de sécurité", et à lui procurer le cas échéant quand même une défense immédiate efficace.

Vues sous cet angle, ces armes ont parfaitement rempli le rôle qui leur était destiné, sans devoir coûter le prix d'un S&W original. N'ayant jamais été conçues pour un usage intensif par des militaires, policiers ou long drive cow-boys, je pense qu'il est erroné de les comparer aux armes dont elles sont les copies, du moins sur ce plan. Pensez que la grande majorité d'entre elles n'ont jamais servi, et que lorsqu'on les trouve actuellement dans un état lamentable, c'est surtout dû au fait qu'elles ont passé souvent plus d'un siècle dans un endroit humide et sans entretien. Un vrai S&W ou un Colt traité de la même façon ne s'en sortirait pas beaucoup mieux.

 

Le vôtre comporte bien sûr quelques logos "roulants" sur les plaquettes; quant à la mention "Premier .32 S&W CTGE", je pense (sans certitude) qu'elle fait référence à une marque de munition en calibre .32 S&W conseillée pour ce type d'arme.

Le n° 178686 est probablement le n° de série de l'arme, et la mention sur le canon est le logo de la firme H&R et le brevet qu'elle a déposé le 8.10.1895 (ce qui indique clairement qu'il doit y avoir une différence marquante avec le S&W, suffisante pour justifier un brevet et éviter d'éventuelles poursuites pour plagiat).

Le calibre .32 (7.84 mm) S&W correspond au calibre .32 européen pour la balle, mais pas pour la douille, qui est un peu plus épaisse. Les munitions appelées .32 S&W ne sont pas nécessairement un produit de la marque Smith & Wesson, mais bien un TYPE de munition, qui oblige le fabricant à prévoir des chambres plus larges dans le barillet que celles du .32 européen. Votre revolver ne peut donc utiliser que le .32 américain, mieux connu comme ".32 Long S&W" ou ".32 Short S&W", munition très courante encore de nos jours.

Votre revolver, fabriqué après 1895, accepterait sans dommage aussi bien la poudre noire que la poudre pyroxylée moderne, pour autant que ce soit du 32 S&W. La 32 européenne ou la 7,65 Auto ne conviennent pas car les cartouches flotteraient dans le barillet.

 

Ce genre d'arme se rencontrait au début des années 1900 dans les grandes villes, et étaient appréciées des voyageurs, commerçants, joueurs professionnels, gardiens en tout genre, prostituées et malfrats de tout acabit. Leur prix modeste assurait leurs fabricants d'une large diffusion.

Marcel

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