Revolvers fabriqués dans la Confédération mais non sous contrat militaire

L'ENIGMATIQUE REVOLVER SISTERDALE

Le revolver confédéré le plus rare et probablement le moins connu, est sans aucun doute l'arme fabriquée à seulement 6 exemplaires par le Dr Ernst Kapp dans la grange de sa ferme située près du village de Sisterdale au Texas. Bien que l'arme elle-même soit enrobée d'une certaine nébulosité, l'histoire de son fabricant est bien connue des spécialistes.

 Ernst Kapp était un émigrant allemand originaire de Minden, Allemagne. Il débarqua avec sa famille à Galveston, Texas, en décembre 1849.

Au début de l'année 1850, il acheta une ferme et ses dépendances près du village de Sisterdale, petite communauté situées à environ 40 miles au nord de New Braunfels sur la Guadalupe River et comprenant beaucoup d'immigrés d'origine allemande.

La famille Kapp s'installa dans cette ferme et le docteur ouvrit rapidement un sanatorium ou pouvaient être traitées les maladies de type hydropathies à l'aide de l'eau de la source de Sister Creek.

Vers 1860, Kapp devint en outre le Juge de Paix de la petite communauté, et lorsque la guerre civile éclata, il fut nommé Officier du recrutement par le Général de Brigade Robert Beecham, commandant la 31ème Brigade des Texas State Guards, et reçut en outre l'ordre de créer une compagnie de volontaires à Sisterdale. Son fils aîné Alfred Kapp fut nommé commandant de cette compagnie.

Beaucoup d'auteurs s'accordent à penser qu'avant la guerre, Alfred avait visité la côte Est et avait travaillé un temps dans l'usine Colt de Hartford. Cette expérience lui a sans aucun doute donné les connaissances nécessaires à la fabrication d'un revolver à l'usage des troupes confédérées.

Au début de la guerre, les armes de poing manquaient cruellement aux Confédérés, et il est certain que les connaissances acquises chez Colt par leur commandant allaient pousser les soldats de la Sisterdale Company à pourvoir eux-mêmes dans leur armement.

Les revolvers furent fabriqués et montés par un groupe d'hommes de la Compagnie F, incluant Alfred Kapp, Hermann Kemmerling, Adolf Münzenberger, Rudolf Wipprecht, ainsi que les frères Karl, Rudolf et Johann Coreth.

Le revolver Sisterdale n'a été fabriqué qu'à six exemplaires au total, à la main, et il n'en reste actuellement qu'un seul exemplaire connu au monde. Propriété de Mlle Otto Coreth, cette arme fut longtemps exposée au Musée de Sophienburg près de New Braunsfeld, dont cette dame était la conservatrice. Il fait actuellement partie de la collection de renommée mondiale de Charles Schreiner lll de Kerrville, Texas.

 

LE REVOLVER SISTERDALE

Le revolver comporte autant de ressemblances avec les Colt qu'avec les premiers modèles de Remington. Il a une carcasse fermée et la came de blocage du barillet logée dans le haut du bouclier, tandis que l'élévateur est visible à l'extérieur de l'arme et est connecté à l'axe du chien par une petite bielle courbe faisant intégralement partie de ce dernier. Cette disposition plutôt fragile se retrouve, entre autres, sur le tout premier revolver de Remington, à savoir le Remington Beals Pocket.

Le Sisterdale est un revolver à percussion à 5 coups, en calibre .36. Il est réalisé en acier et est équipé de plaquettes de crosse en os.

Du fait qu'il ne reste qu'un seul exemplaire au monde et qu'on n'a retrouvé aucune archive spécifique concernant cette arme, et d'autre part en l'absence de tout marquage sur l'arme elle-même, il est difficile d'en dire plus.

Bien qu'une production totale de six exemplaires n'ait eu aucun effet sur le sort de la Confédération, le Sisterdale est remarquable et unique de par le fait qu'il a été construit par des soldats en manque d'armes, à la main et avec les moyens limités d'une forge de ferme. Cela donne une idée du dévouement de ces soldats à leur cause.

Marcel

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