Revolvers fabriqués en Georgie

LES REVOLVERS SPILLER & BURR

 

Spiller & Burr

Revolver confédéré rare Spiller & Burr avec marquage du nom Spiller & Burr sur le canon et C.S. sur le corps.

Merci à "COLLECTORSFIREARMS" pour les photos

La firme Spiller & Burr est, par ordre d'importance de production, le troisième fabricant de revolvers de la Confédération.

Edward N. Spiller était commissionnaire à Baltimore dans le Maryland, mais s'établit à Richmond en Virginie au début de la guerre de Sécession à cause de ses sympathies sudistes. David J. Burr, natif de Richmond, avait depuis longtemps une fabrique de moteurs à vapeur dans cette ville.

Ces deux hommes d'affaires s'associèrent avec un troisième partenaire, James H. Burton, lieutenant-colonel dans l'armée confédérée et chef des arsenaux et armureries des états confédérés.

Burton était sans nul doute une autorité suprême sur le plan de la fabrication d'armes dans la Confédération, et probablement même dans tout le territoire des USA. Il avait déjà rempli les fonctions de Maître Armurier à Harper's Ferry, et avait également été ingénieur en chef de la Royal Small Arms Factory d'Enfield en Angleterre.

Les trois hommes s'associèrent le 20 novembre 186, dans le but de fabriquer 15,000 revolvers pour le compte du gouvernement confédéré. Le rôle de Burton était de décrocher le contrat avec le gouvernement, et de coordonner la préparation des ateliers et machines pour cette fabrication.

L'association décrocha un contrat pour la fabrication de 15.000 revolvers de calibre .36, sur le modèle du Colt Navy 1851.

La raison exacte pour laquelle ce modèle fut abandonné au profit du Whitney avant même le démarrage de la production, est inconnue. Peut-être ont-ils pensé qu'une carcasse de laiton en une pièce serait plus facile et moins chère à fabriquer qu'une carcasse du type Colt à bâti de crosse séparé. Ils peuvent aussi avoir voulu éviter le point faible des Colt, à savoir la carcasse ouverte.

Spiller & Burr racheta les machines et plans de la Robinson Revolver Factory de Richmond, y compris un contrat pour la production de revolvers du modèle Whitney. C'est là peut-être l'origine de la décision de changement de modèle.

La Robinson Factory continua la production de carabines de cavalerie, connues sous le nom de Robinson Sharps.

Le 27 mai 1862, Burton fut relevé de son commandement à Richmond et chargé de créer une fabrique d'armes en Georgie. Ce changement provoqua le déménagement de la société à Atlanta. Les premiers revolvers furent finis dans les ateliers d'Atlanta, et un petit nombre d'entre eux, probablement pas plus de 15, furent livrés au Ministère de la Guerre.

LE PREMIER MODELE

Peu de gens savent qu'il existe deux modèles de Spiller & Burr, et que le premier modèle comprend deux versions. Le tout premier modèle était une copie conforme du revolver Whitney, mis à part que sa carcasse de fer était électroplaquée laiton. Il présente un espace ouvert entre l'avant du barillet et la partie avant de la carcasse. Le canon est vissé dans la carcasse et dépasse du côté intérieur, ce qui laisse le pas de vis apparent, comme sur les Remington de la même époque.

Ces premiers revolvers furent inspectés par le major W.S. Downer, qui préconisa d'emblée les changements suivants:

- La carcasse devait être en laiton massif, et non en fer plaqué

- Le système de fixation du refouloir au canon, par bille à ressort, devait être remplacé par un système similaire à celui du Colt

- Des crans de blocage de sécurité devaient être creusés dans les boucliers entre les cheminées, de manière à pouvoir bloquer le barillet entre deux cheminées avec la tête du chien

- Le calibre, un peu plus petit que .36, devait être amené au calibre exact

Il n'y a à ce jour plus qu'un seul revolver connu au monde de la première version. (C'est celui du haut sur la photo 1). Il porte le n° de série 13. Celui du dessous, le n° 23, présente tous les changements requis par le major Downer. C'est également le seul connu au monde à ce jour.

La compagnie ne livra plus aucun revolver jusqu'au printemps 1863. A cette date, 40 revolvers furent produits et livrés à Burton à l'armurerie confédérée de Macon en Georgie. On pense que ces 40 armes étaient du 1er modèle, mais avec les changements demandés par Downer.

Lors des tests cependant, 33 de ces revolvers furent rejetés et rendus à Spiller & Burr; la plupart présentaient des déformations du haut de la carcasse, dues à la forte explosion de la poudre dans les chambres. Les 7 autres revolvers furent acceptés, et parmi eux se trouvait le n° 23 dont question ci-dessus.

Cet échec força Spiller & Burr à améliorer ses revolvers, et en particulier à renforcer leur carcasse de laiton, ce qui donna naissance au second modèle.

LE SECOND MODELE

Il semble certain que tous les revolvers livrés après cet incident aient été du second modèle. La carcasse avait été renforcée à l'avant, à l'endroit où le canon se visse, et présentait maintenant une masse pleine jusque contre le barillet. C'est le Spiller typique, connu de tous les collectionneurs.

Ce renforcement de la carcasse n'a pas totalement remédié au problème, car beaucoup sont connus qui présentent un gonflement ou une déformation de la partie supérieure de la cage du barillet.

Les n°s de série du second modèle commencent au n° 1. Leur refouloir, barillet et pontet sont interchangeables avec ceux du Whitney, et ne présentent aucune différence de modèle avec celui-ci. (Note: du côté Nordiste, Marston a fait de même avec au moins 1.000 revolvers identiques au Whitney)

Pour une raison inexplicable, la longueur du canon varie d'un revolver à l'autre, le plus court étant de 6 pouces, le plus long de 7. Il a 7 rayures qui peuvent aussi bien être à droite qu'à gauche, avec une légère accélération.

1er modèle, n° 13 et 23, copies conformes du Whitney mais avec carcasse laiton. Les deux seuls survivants du 1er modèle connus au monde se trouvent tous deux dans une collection privée aux USA.

Il semblerait que seulement un revolver sur cinq ou six aient été marqués du nom de la compagnie, qui utilisait deux grandeurs de lettres différentes, et que seulement la moitié des revolvers aient été marqués des lettres C.S., soit à gauche, soit à droite, soit sur le devant de la carcasse.

Les n°s de série, quant à eux, se retrouvent un peu partout et sont frappés avec des poinçons individuels de 3 tailles différentes, utilisés au hasard.

Comme sur les Griswold & Gunnison, le laiton utilisé pour forger les carcasses des Spiller contenait trop de cuivre, ce qui provoque une coloration ou des reflets roses sur certains revolvers.

Les barillets sont également fabriqués à partir de barres de fer tordues, mais les lignes de torsion ne sont visibles que sur quelques revolvers. Elles sont orientées dans le sens contraire de celles des Griswold.

Deux très rares spécimens sont connus qui ont les arêtes de la carcasse arrondis (photo 3). Celui de la photo porte le n° de série 1076 et a de plus de plaquettes de crosse en gutta-percha. Le n° 1169 a lui aussi les arêtes arrondies, mais des plaquettes standard en noyer.

La plupart des Spiller & Burr ont été livrés à l'armée du Tennessee, et ont donc été utilisés sur le front ouest de la guerre.

Découragés par leurs avatars, Spiller & Burr demandèrent en juin 1863 à l'état confédéré de racheter leur usine, mais cela fut refusé. Ils ont alors continué leur production tant bien que mal jusqu'en janvier 1864, date à laquelle l'état confédéré a finalement racheté la société, et déménagé les machines et le matériel à Macon en Georgie.

Selon les archives retrouvées, Spiller & Burr aurait livré au total environ 840 revolvers jusqu'au 7 janvier 1864. Après le rachat par la Confédération, 400 autres revolvers furent achevés, ce qui amène le total à environ 1.250. On est loin des 15.000 initialement prévus....

L'avance des troupes de Sherman vers Macon amena la fermeture de l'usine en décembre 1864. Le matériel fut démantelé et évacué, et la production ne fut jamais reprise.

Marcel

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